vendredi, avril 11, 2025

Une banque agricole pour l’Afrique : un levier indispensable pour la souveraineté alimentaire.

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L’agriculture est le pilier de l’économie africaine, nourrissant des millions de familles et contribuant au développement de nos nations. Conscient de son importance, le gouvernement togolais a mis en place plusieurs initiatives pour soutenir le secteur, notamment à travers des programmes d’accompagnement et des mécanismes de financement adaptés. De leur côté, les institutions de microfinance jouent également un rôle crucial en facilitant l’accès au crédit pour les producteurs.

Cependant, malgré ces efforts conjugués, de nombreux goulots d’étranglement subsistent. Les producteurs agricoles peinent encore à accéder à des financements véritablement adaptés aux cycles agricoles, aux réalités du terrain et aux risques climatiques. Les conditions de prêt – taux d’intérêt élevés, garanties exigeantes, délais de remboursement inappropriés – freinent leur capacité d’investissement et d’innovation.

Face à cette situation, la création d’une banque agricole panafricaine apparaît comme une solution essentielle. Une telle institution permettrait d’accompagner les agriculteurs avec des financements sur mesure, en tenant compte des spécificités du secteur. Elle contribuerait ainsi à dynamiser toute la chaîne de valeur agricole et à renforcer la sécurité alimentaire sur le continent.

Dans cet entretien, M. Ewovi, Président du Conseil Permanent des Chambres d’Agriculture du Togo (CPCAT) et de la Chambre Régionale d’Agriculture des Plateaux, revient sur l’urgence d’un tel projet et lance un appel au Président de la République, SEM Faure Essozimna Gnassingbé, pour qu’il défende cette cause à l’échelle africaine.

Pourquoi une banque agricole panafricaine est-elle indispensable aujourd’hui ?

M. Ewovi : L’un des plus grands défis de l’agriculture en Afrique, et particulièrement au Togo, est l’accès au financement. Nos producteurs ont du mal à obtenir des prêts adaptés, car les banques classiques considèrent ce secteur comme risqué, notamment à cause des aléas climatiques et du caractère saisonnier des revenus.

Certes, les institutions de microfinance et le gouvernement ont multiplié les initiatives pour soutenir les producteurs, mais ces financements restent souvent limités ou inadaptés aux besoins réels du terrain. Les délais de remboursement, par exemple, ne prennent pas toujours en compte les cycles agricoles, et les conditions d’octroi restent difficiles pour de nombreux exploitants.

Une banque agricole panafricaine offrirait des financements mieux adaptés, avec des taux d’intérêt plus abordables et des conditions plus souples. Elle permettrait aussi de structurer davantage le secteur et de favoriser la transformation locale des produits, renforçant ainsi la souveraineté alimentaire de nos pays.

Il y a déjà eu des tentatives de création d’une banque agricole au Togo. Pourquoi cela n’a-t-il pas abouti ?

M. Ewovi : C’est vrai, sous le leadership du Feu Président Gnassingbé Eyadéma, une banque agricole avait été créée, mais elle n’a pas pu perdurer. Le principal problème était le manque de structuration des filières agricoles et un suivi insuffisant.

Cependant, ce n’est pas une raison pour abandonner l’idée. Aujourd’hui, nous avons plus d’expérience et une meilleure compréhension des défis du secteur. Avec une bonne organisation et des mécanismes de gestion solides, une banque agricole pourrait véritablement soutenir la modernisation de l’agriculture et assurer l’autosuffisance alimentaire de nos pays.

Comment financer cette banque sans alourdir la charge des producteurs ?

M. Ewovi : Nous avons une proposition simple : mettre en place un prélèvement de 5 F.CFA par kilogramme sur chaque filière agricole. C’est une contribution minime qui, cumulée sur l’ensemble du secteur, permettrait de constituer un fonds d’investissement solide.

Nos agriculteurs ont déjà l’habitude de cotiser dans des tontines et des coopératives. L’idée est de canaliser ces fonds vers une structure bien organisée, dirigée par des experts. Cela réduirait notre dépendance aux financements extérieurs et assurerait une autonomie financière durable.

Une telle banque pourrait-elle encourager les jeunes à rester dans l’agriculture ?

M. Ewovi : Oui, sans aucun doute ! Aujourd’hui, beaucoup de jeunes quittent les campagnes parce qu’ils ne voient pas d’avenir dans l’agriculture. Ils pensent que c’est un secteur de survie plutôt qu’un métier prometteur.

Mais si on leur donne les moyens d’investir, d’acheter du matériel moderne, d’installer des systèmes d’irrigation ou encore de développer l’agro-industrie, l’agriculture redeviendra un secteur attractif. Avec un accès facilité au crédit, les jeunes pourraient entreprendre en toute confiance et voir leur avenir dans ce domaine.

Pourquoi demandez-vous au Président Faure Essozimna Gnassingbé de porter cette initiative à l’échelle africaine ?

M. Ewovi : L’enjeu dépasse le Togo. Les défis agricoles sont les mêmes dans toute l’Afrique. Une banque agricole panafricaine permettrait de soutenir les producteurs sur l’ensemble du continent.

Le Président Faure Essozimna Gnassingbé est reconnu pour son engagement en faveur du développement économique et de l’intégration africaine. Il a l’influence et la vision nécessaires pour mobiliser ses pairs autour de ce projet. Nous lui demandons d’être la voix des agriculteurs africains dans les grandes instances et de défendre cette initiative pour qu’elle devienne une réalité.

M. Ewovi : Excellence Monsieur le Président de la République, nous, agriculteurs togolais et africains, comptons sur vous. Nous savons que vous êtes conscient du rôle crucial de l’agriculture dans notre développement.

Nous vous demandons humblement de porter cette initiative à l’échelle africaine afin qu’une banque agricole panafricaine voie le jour. Avec une gestion rigoureuse et une vision claire, elle pourrait devenir un puissant moteur de développement pour notre agriculture et toute l’Afrique.

Nous sommes prêts à accompagner.

La Rédaction

Plateaux Actu
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Tél : 00228 91647408/ 98292487

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