Lors de son élection à la présidence du Cadre permanent de concertation (CPC), Mouhamed Tchassona-Traoré a appelé l’opposition togolaise à adopter une approche plus pragmatique dans sa lutte contre la nouvelle Constitution. Le président du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD) a insisté sur l’importance de tirer parti des prochaines élections législatives pour renverser la situation politique actuelle, plutôt que de s’engager dans des manifestations infructueuses.
Tchassona-Traoré, qui succède à Me Pacôme Yawovi Adjourouvi à la tête du CPC, a été clair : « La nouvelle Constitution est déjà en vigueur, et aucun retour en arrière n’est envisageable sans une majorité au parlement. » Ce message vise à encourager l’opposition à se concentrer sur la reconquête démocratique par les urnes, plutôt que par des contestations constantes.
Bien que plusieurs organisations de la société civile et des formations politiques prévoient une manifestation à Vogan, dans la préfecture de Vo, le 15 septembre, Traoré estime que ces actions ne changeront en rien la situation légale de la Constitution adoptée. Il exhorte plutôt les partis de l’opposition à se préparer aux élections et à travailler en coalition pour maximiser leurs chances de succès lors des prochaines législatives dans six ans.
L’un des messages centraux de Tchassona-Traoré est la nécessité de surmonter les divisions internes de l’opposition. « Il est temps que l’opposition cesse de jouer les victimes éternelles et devienne l’artisan d’une nouvelle force politique », a-t-il déclaré lors d’une interview radio. Pour lui, seule une opposition unie et focalisée sur des objectifs réalistes pourra prétendre influer sur le futur politique du pays.
Dans cette optique, il a également invité les partis qui boycottent encore les travaux du CPC, tels que l’ANC et le FDR, à rejoindre le dialogue. Selon lui, le Cadre permanent de concertation offre un espace de débat inclusif, essentiel pour poser les bases de réformes durables.
« Dire que le CPC n’a rien fait depuis sa création est une insulte à l’intelligence des participants et des Togolais », a-t-il affirmé, rappelant que des progrès ont été réalisés grâce à cette structure, notamment en ce qui concerne la préparation des prochaines élections sénatoriales.
Durant son mandat de six mois à la tête du CPC, Tchassona-Traoré entend améliorer le fonctionnement de cette institution en renforçant la régularité des réunions et en incluant de nouveaux sujets d’intérêt national tels que l’incendie des marchés ou les préoccupations liées à la rentrée scolaire.
Dans cette dynamique, il espère que le CPC pourra jouer un rôle de plus en plus central dans la gestion des crises sociopolitiques et économiques du Togo. « Aucun sujet n’est tabou, et toutes les parties prenantes peuvent proposer des points de discussion », a-t-il affirmé.
Dans son discours, Mouhamed Tchassona-Traoré n’a pas seulement émis des critiques envers l’opposition, mais il a également fait preuve de réalisme, rappelant que le paysage politique ne peut être changé que par les urnes. « Pensons à ce que nous pouvons faire pour obtenir nous aussi la majorité et changer la donne », a-t-il martelé.
Ce discours résonne comme un appel à une opposition plus stratégique, moins centrée sur les conflits, et davantage sur la construction d’une force politique solide en vue des prochaines échéances électorales.
Jean-Marc Ashraf