Atakpamé Le 15 juin 2024,
la Journée mondiale contre la faim, instaurée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), rappelle l’importance de la lutte contre la faim, un des Objectifs de développement durable adoptés par les 193 pays membres de l’ONU en 2015. En dépit des efforts internationaux, la faim reste une réalité quotidienne pour des millions de personnes à travers le monde, exacerbée par des conflits, des crises économiques, et des chocs climatiques.
Une situation alarmante
Selon les dernières estimations, 735 millions de personnes souffraient de la faim en 2022, un chiffre en hausse depuis 2014. Parmi les plus touchés, 181 millions d’enfants de moins de 5 ans vivent en situation de pauvreté alimentaire, définie comme l’incapacité de se nourrir convenablement en termes de qualité et de quantité pour des raisons financières. Ce problème est particulièrement aigu dans 20 pays qui concentrent à eux seuls 65% des enfants en situation de pauvreté alimentaire, et 46% de ces enfants proviennent de ménages à faibles revenus.
Les causes multiples de la faim
Conflits armés
Les conflits armés sont responsables de plus de la moitié des crises alimentaires aiguës dans le monde. En République démocratique du Congo, au Soudan, en Somalie et à Gaza, les guerres rendent l’accès aux ressources vitales comme l’eau et la nourriture extrêmement difficile. Les champs sont pillés, les prix explosent, et les marchés locaux se vident. Par exemple, au Soudan, plus d’un an après la reprise des combats, 18 millions de personnes souffrent de la faim. Ces conflits perturbent non seulement la production agricole mais aussi les chaînes d’approvisionnement, rendant l’aide humanitaire essentielle mais souvent insuffisante face à l’ampleur des besoins.
Crises économiques
Les crises économiques jouent également un rôle majeur dans l’aggravation de la faim. Dans plusieurs régions du monde, les agriculteurs, soumis à un marché agroalimentaire de plus en plus concurrentiel, voient leurs moyens de subsistance se réduire. La guerre en Ukraine a eu des répercussions mondiales sur les denrées alimentaires et le coût des matières premières, exacerbant la précarité alimentaire pour des millions de familles. Les fluctuations des prix des aliments de base sur les marchés internationaux impactent particulièrement les pays en développement, où les ménages consacrent une large part de leur revenu à la nourriture.
Chocs climatiques
Les chocs climatiques ont un impact direct sur l’alimentation des populations. Dans la Corne de l’Afrique, les longs épisodes de sécheresse et les inondations ont détruit de nombreuses cultures, poussant des millions de personnes au bord de la famine. Au Burundi, les récentes inondations ont détruit 10% des récoltes du pays, touchant plus de 230 000 personnes et privant des milliers de familles de leur principal moyen de subsistance. Les événements climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents et intenses en raison du changement climatique, menacent la sécurité alimentaire en réduisant la disponibilité des aliments et en perturbant les moyens de subsistance agricoles.
Témoignages poignants
Des histoires individuelles mettent en lumière la dure réalité de cette crise :
Bangladesh : Des agriculteurs souffrent sous les vagues de chaleur extrême, illustrant comment les conditions climatiques sévères peuvent affecter les travailleurs agricoles déjà vulnérables.
Somalie : Fatuma Abdulahi Mohamed a perdu tout son bétail à cause de la sécheresse et a dû marcher seule avec ses neuf enfants pour trouver de l’aide. Sa situation est emblématique des nombreux éleveurs et agriculteurs de la région qui voient leurs moyens de subsistance anéantis par des conditions climatiques extrêmes.
République démocratique du Congo : Des agriculteurs comme Simon Ziola et Sono Mavudi luttent quotidiennement pour subsister face à des conditions économiques difficiles. Leur lutte met en évidence les défis quotidiens auxquels sont confrontés les agriculteurs dans les régions en proie à des crises économiques et des conflits.
Le rôle essentiel de l’UNICEF
Là où le droit à l’alimentation est menacé, l’UNICEF intervient pour fournir des services de nutrition aux enfants les plus vulnérables. Cet engagement est vital pour atténuer les effets dévastateurs de la faim mondiale et soutenir les familles en difficulté. L’organisation travaille en collaboration avec les gouvernements, les ONG locales et internationales pour mettre en place des programmes de nutrition d’urgence, des campagnes de sensibilisation et des initiatives de soutien à l’agriculture durable.
Une responsabilité collective
Pour éradiquer la faim, une coopération internationale renforcée est nécessaire. Il est crucial de soutenir les agriculteurs, de résoudre les conflits, de s’adapter aux changements climatiques et de mettre en place des politiques économiques justes et durables. Les solutions incluent :
Soutien aux agriculteurs : Fournir des subventions, des formations et des technologies pour améliorer la productivité et la résilience des petites exploitations agricoles.
Résolution des conflits : Promouvoir la paix et la stabilité par la diplomatie, le dialogue et les interventions humanitaires.
Adaptation aux changements climatiques : Mettre en œuvre des stratégies d’adaptation pour renforcer la résilience des systèmes agricoles face aux chocs climatiques.
Politiques économiques justes : Réformer les politiques commerciales et de subsistance pour protéger les producteurs locaux et garantir un accès équitable aux marchés.
En cette Journée mondiale contre la faim, il est impératif de rappeler que la lutte contre la faim est une responsabilité collective qui nécessite une action globale concertée. L’engagement des gouvernements, des organisations internationales, des ONG et des citoyens est essentiel pour bâtir un monde où chaque personne a accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive
