mercredi, octobre 29, 2025

Togo – Face au climat imprévisible, les producteurs céréaliers de la Maritime tracent la voie d’une agriculture d’avenir.

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Tsévié, 24 octobre 2025.
Dans un contexte où les saisons ne se ressemblent plus, où les champs se dessèchent avant la moisson et où les paysans scrutent le ciel avec plus d’inquiétude que d’espérance, un vent d’espoir souffle sur la région Maritime. À Tsévié, ce vendredi 24 octobre, les producteurs céréaliers ont pris leur destin en main. Rassemblés autour de l’Union Régionale des Organisations des Producteurs de Céréales de la Maritime (UROPC-M), ils ont posé les fondations d’une nouvelle ère agricole : celle de la résilience planifiée.

Avec l’appui de AgriCord FFF-FAO et de l’Afdi, l’UROPC-M a présenté son Plan de Résilience des Producteurs face aux Changements Climatiques (PRPCC), un outil stratégique qui ambitionne de transformer les pratiques agricoles et d’adapter durablement les exploitations familiales aux aléas du climat. Ce plan, couvrant la période 2025-2029, marque un tournant historique pour une filière longtemps à la merci des caprices de la nature.

Pendant des décennies, la survie de l’agriculture togolaise s’est jouée sur la chance des saisons. Aujourd’hui, la donne change. Confrontés à la baisse des rendements, à l’appauvrissement des sols et à la raréfaction des pluies, les producteurs de la Maritime ont décidé de ne plus subir.
« Les pluies ne respectent plus les saisons, les terres s’épuisent et les récoltes s’effondrent. Face à cette réalité, il fallait un plan concret, structuré et inclusif pour aider nos membres à s’adapter », a déclaré Kossi Tsoekem Guenou, coordonnateur de l’UROPC-M.

Doté d’un budget de 420 millions de FCFA, le plan s’articule autour de quatre axes majeurs :

  1. Le renforcement du leadership climatique et du plaidoyer des producteurs ;
  2. La promotion de pratiques agricoles durables et résilientes ;
  3. Le développement de chaînes de valeur sensibles au climat ;
  4. Et la mise en place de mesures d’urgence face aux catastrophes climatiques.

Ces orientations visent à replacer le producteur au cœur de la lutte contre les dérèglements climatiques, en privilégiant la prévention, l’innovation et la coopération.
L’émotion était palpable lors de l’ouverture de la cérémonie. Le Président du Conseil d’Administration de l’UROPC-M a livré un message fort, à la fois lucide et porteur d’espoir.
« Pendant longtemps, nous avons subi la colère du ciel sans armes ni repères. Aujourd’hui, nous choisissons d’agir, de comprendre et d’anticiper. Ce plan n’est pas un simple projet : c’est notre pacte de survie avec la nature, une promesse faite à la terre et aux générations futures. »

Cette déclaration, saluée par de longs applaudissements, traduit la prise de conscience collective d’un monde agricole décidé à tourner la page de la résignation pour écrire celle de la responsabilité.

Le représentant du Directeur Régional de l’Agriculture, de l’Élevage et du Développement rural a salué cette initiative novatrice, soulignant la pertinence du plan et la volonté de l’État d’en accompagner la mise en œuvre.
« Le changement climatique n’est plus une menace lointaine. Il transforme nos saisons, nos sols et nos vies. Ce plan doit devenir un guide pour toute la région. La résilience commence dans l’esprit avant de se traduire dans les champs. »

Les participants, venus des six préfectures de la région Maritime, ont validé le document à l’unanimité. Plusieurs d’entre eux, comme Kodjo Mawunyo Aziagba, producteur dans la préfecture de Zio, ont témoigné de leur espoir renouvelé.
« C’est une bouffée d’oxygène pour nous. Nous espérons sa mise en œuvre rapide afin de réduire nos pertes et d’améliorer nos revenus. »

Les échanges ont été nourris, marqués par un même constat : sans adaptation, il n’y a plus d’avenir agricole possible.
Le Plan de Résilience s’appuie sur une logique simple mais puissante : agir aujourd’hui pour garantir la sécurité alimentaire de demain. Il prévoit la mise en œuvre progressive d’actions concrètes — gestion durable de l’eau, pratiques agroécologiques, diversification des cultures, reconstitution de la fertilité des sols, et formation continue des producteurs.
La prochaine étape consistera à diffuser le plan auprès des unions locales et partenaires, afin de lancer les premières activités dès janvier 2025.

Créée en mars 2008, l’UROPC-M compte 780 producteurs regroupés en huit unions locales couvrant les sept préfectures de la Maritime. Membre actif de la Centrale des Producteurs de Céréales du Togo (CPC-Togo), elle s’impose aujourd’hui comme un moteur de la transition agroécologique au Togo, déterminée à conjuguer productivité, durabilité et solidarité.

En clôturant les travaux, le Président du Conseil d’Administration a résumé l’esprit du moment.
« Ce plan, c’est plus qu’un document validé : c’est un engagement collectif, un acte de foi en notre capacité à transformer les difficultés en force. La nature nous met à l’épreuve, mais ensemble, nous avons choisi de lui répondre par la sagesse, la coopération et la persévérance. »

Dans une époque marquée par l’incertitude climatique, les producteurs de la Maritime refusent désormais de subir le destin imposé par le ciel. Par leur organisation, leur vision et leur courage, ils montrent qu’il est possible de bâtir un avenir agricole plus juste, plus vert et plus humain — un avenir où la terre n’est plus une victime, mais une alliée à reconquérir.

En lançant ce plan de résilience, l’UROPC-M ne se contente pas de réagir à la crise climatique, elle redessine l’horizon d’une agriculture togolaise capable de se régénérer et de prospérer. Dans la région Maritime, une conviction s’enracine désormais : le véritable changement climatique commence dans les esprits de ceux qui refusent d’abandonner la terre.

Jean-Marc Ashraf

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