En Afrique, les terres cultivables représentent non seulement une ressource précieuse pour l’agriculture mais aussi un héritage ancestral profondément ancré dans la culture des peuples. Cependant, un phénomène croissant émerge : de plus en plus de communautés choisissent de vendre les terres que leurs ancêtres utilisaient pour l’agriculture, posant ainsi des questions cruciales sur l’avenir de ces espaces et sur la sécurité alimentaire du continent.L’Afrique connaît une croissance démographique rapide, associée à une urbanisation galopante.

Les terres agricoles, autrefois au cœur des activités économiques rurales, sont de plus en plus convoitées pour des projets d’infrastructures, des zones résidentielles et des complexes industriels. Les communautés, souvent confrontées à des difficultés économiques, se retrouvent dans une situation où la vente des terres apparaît comme une opportunité de générer des revenus immédiats. Ce phénomène s’observe aussi bien dans les zones rurales que périurbaines où la pression immobilière pousse à céder des terres autrefois cultivées.La vente des terres agricoles peut sembler une solution à court terme pour les communautés locales, mais elle pose de sérieux défis à long terme. L’abandon progressif des terres arables menace la sécurité alimentaire des pays africains, dont les économies dépendent encore largement de l’agriculture. Si les terres cultivables continuent à diminuer au profit d’usages non agricoles, l’Afrique pourrait voir sa production agricole locale décliner, entraînant une dépendance accrue aux importations alimentaires.



Cela pourrait affecter des millions de personnes qui dépendent de l’agriculture de subsistance pour survivre.En parallèle à ces ventes locales, de grandes entreprises étrangères et des États investissent massivement dans les terres africaines pour des projets agricoles à grande échelle. Bien que ces investissements soient souvent présentés comme des opportunités de moderniser l’agriculture africaine, ils suscitent des inquiétudes quant à l’accaparement des terres. Ce phénomène, appelé « land grabbing », prive les communautés locales de leurs terres, les excluant des processus de décision et compromettant leur accès aux ressources naturelles essentielles comme l’eau.La préservation de l’héritage foncier : quelles solutions ?Face à cette situation, plusieurs pistes de solutions peuvent être envisagées pour garantir un avenir durable aux terres cultivables en Afrique.* Les autorités locales et les organisations non gouvernementales doivent intensifier



les campagnes de sensibilisation sur la valeur économique et environnementale des terres agricoles. Encourager les agriculteurs à s’orienter vers des méthodes plus productives et respectueuses de l’environnement pourrait rendre l’agriculture plus attractive.* Les gouvernements africains doivent adopter des politiques foncières claires et transparentes, protégeant les droits des agriculteurs locaux tout en régulant l’accès aux terres pour les investisseurs. Ces politiques doivent encourager une agriculture durable qui bénéficie aux populations locales.* Une des voies pour protéger les terres cultivables est de promouvoir des pratiques agricoles qui respectent les écosystèmes tout en améliorant la productivité. L’agroécologie, en particulier, offre des solutions pour maintenir la fertilité des sols tout en produisant de manière durable.* Les coopératives agricoles peuvent offrir aux communautés une alternative à la vente des terres. Elles permettent aux petits agriculteurs de mutualiser leurs ressources, d’accéder à des marchés plus vastes et de générer des revenus tout en conservant leurs terres.L’avenir des terres cultivables en Afrique est à la croisée des chemins. Alors que de nombreuses communautés sont tentées par la vente de leurs terres pour des gains financiers immédiats, il est essentiel de réfléchir aux conséquences à long terme de ces décisions. La sécurité alimentaire, la préservation de l’héritage foncier et le développement durable de l’agriculture africaine dépendent de la capacité des gouvernements et des communautés à prendre des mesures pour protéger ces terres vitales. L’agriculture reste une clé du développement de l’Afrique, et sa modernisation doit se faire de manière inclusive et respectueuse des droits fonciers des populations locales.
Jean-Marc Ashraf