À l’heure où les regards se tournent vers les élections municipales de juillet 2025, les trajectoires individuelles des élues sortantes révèlent bien plus que des bilans chiffrés. Elles racontent l’histoire de femmes qui, à force de volonté, de résilience et d’apprentissage, se sont imposées comme des leaders d’influence dans des arènes politiques encore largement masculines. Dédé Akpedje Messan en est l’un des exemples les plus inspirants.
Signataire d’actes d’état civil, conseillère municipale déléguée à la mairie Golfe 6, mais avant tout femme de terrain, Dédé Akpedje Messan n’était pas prédestinée à faire de la politique. Et pourtant, six ans plus tard, elle est devenue une référence dans sa commune pour sa capacité à fédérer, à innover et à défendre une gouvernance de proximité fondée sur l’écoute et la transparence.
« Je n’étais pas issue du sérail politique », confie-t-elle d’emblée. « J’ai appris sur le tas, à travers des lectures, des stages, des échanges avec d’autres élus, et même des immersions internationales comme au campus de l’AFD à Marseille. Ce fut une véritable école de vie. »
Pour cette mère de trois enfants, le mandat municipal a été une aventure intense. De la réhabilitation d’espaces publics au soutien aux associations locales, en passant par la gestion des crises, elle s’est imposée comme une élue pragmatique et à l’écoute.
L’un des tournants majeurs de son mandat reste le projet de jumelage avec Taverny, en France. Grâce à cette coopération, la commune a pu bénéficier du programme « Dis-moi grande terre », avec à la clé un appui matériel, technique et financier inédit.
« Ce partenariat a montré qu’une commune rurale peut s’ouvrir à l’international si elle a une vision et une équipe engagée », explique-t-elle. Ce projet est aussi un exemple de diplomatie locale au service du développement.
Sur les 3 femmes élues au départ, elles ne sont plus que deux aujourd’hui. La disparition tragique d’une collègue en février 2025 reste une blessure. Mais pour Dédé Akpedje Messan, cet événement rappelle aussi la fragilité des avancées féminines en politique.
Les obstacles, elle les connaît : stéréotypes sexistes, pression familiale, manque de financements et violences politiques. Mais elle a su les surmonter, portée par le soutien indéfectible de ses proches, notamment de sa mère et de son conjoint.
Récompensée par 16 prix et distinctions en Afrique de l’Ouest et aux États-Unis, elle garde la tête froide. « Les médailles sont des encouragements. Mais pour moi, le vrai prix, c’est de voir une femme dans mon quartier oser prendre la parole lors d’une réunion publique. »
À l’approche des municipales, Dédé Akpedje Messan plaide pour une parité réelle. Elle salue la réduction de la caution électorale, mais appelle à aller plus loin : « Il faut des sanctions contre les partis qui ne respectent pas la parité. Et il faut positionner les femmes en tête de liste, pas en fin de page. »
Elle insiste également sur le rôle crucial des réseaux de femmes, de la société civile et des partenaires internationaux dans l’accompagnement des femmes candidates.
« La démocratie n’est pas complète sans les femmes. Et la gouvernance locale ne peut réussir sans celles qui la vivent de l’intérieur. Mon parcours montre que c’est possible, même quand on part de loin. En 2025, ne ratons pas cette occasion de faire bouger les lignes. »
Épilogue
Derrière la voix calme et mesurée de Dédé Akpedje Messan se cache une force tranquille, nourrie d’expérience, de courage et d’une foi inébranlable en la capacité des femmes à transformer la société. Elle est la preuve vivante qu’il n’y a pas de petites ambitions quand on porte un projet collectif. Son histoire n’est pas seulement celle d’un mandat : c’est celle d’une métamorphose, personnelle et politique, au service du bien commun.
Interview réalisée par Jean-Marc Ashraf, avec l’appui de la FCT, du soutien de l’Association Internationale des Maires Francophones et du Prix Égalité Ville de Genève