Le Togo amorce une transformation majeure de son aménagement territorial avec un projet inédit qui redéfinit les dynamiques économiques du pays. Face à une centralisation excessive des activités économiques à Lomé, le gouvernement togolais a décidé de miser sur les villes de l’intérieur pour équilibrer la croissance et stimuler le développement régional.

Aujourd’hui, Lomé concentre 60 % des entreprises et 71 % des emplois, une situation qui creuse les disparités et limite les opportunités pour les autres régions. L’exode vers la capitale entraîne une saturation des infrastructures, une pression foncière accrue et un accès inégal aux services essentiels. Pour y remédier, l’État togolais mise sur une stratégie audacieuse : le marketing territorial.

Le 30 janvier 2025, Mme Manuella Santos, ministre de l’Industrie et de la Promotion des Investissements, a officiellement lancé à Atakpamé les ateliers de présentation de la stratégie nationale de marketing territorial. Ce projet, mené en partenariat avec la GIZ (Coopération allemande), cible cinq villes stratégiques : Atakpamé, Kpalimé, Blitta, Kara et Aného. L’objectif ? Transformer ces localités en pôles économiques et touristiques compétitifs, capables d’attirer entreprises, investisseurs et visiteurs.
La ministre Manuella Santos a souligné la nécessité de structurer autrement le développement du pays :
« L’attractivité des territoires est un levier essentiel pour un développement harmonieux et inclusif. Nous devons valoriser le potentiel de chaque région afin de créer une croissance équitable et durable. »
La stratégie nationale repose sur trois axes majeurs qui sont là création de Zones Économiques Spéciales (ZES) adaptées aux vocations de chaque ville, le développement d’infrastructures industrielles et touristiques pour dynamiser les économies locales, et la mise en place d’un cadre fiscal incitatif pour encourager les investissements hors de la capitale.
Cette approche vise à transformer ces cinq villes en véritables moteurs de croissance, tout en créant de nouvelles opportunités économiques et sociales pour les populations locales.
Chacune des villes ciblées bénéficiera d’investissements en fonction de ses atouts économiques et touristiques :
- Kpalimé, réputée pour ses paysages verdoyants et son climat agréable, sera promue comme un hub d’écotourisme et de transformation du cacao et du café.
- Kara, avec son université et son agropole, deviendra un pôle de formation et d’industrie agroalimentaire.
- Aného, ville historique et culturelle, profitera de la restauration de ses sites patrimoniaux et de la modernisation de son offre hôtelière.
- Blitta, positionnée au centre du pays, sera transformée en plateforme logistique et agricole, avec une ZES dédiée à la transformation des produits locaux.
- Atakpamé, avec son fort potentiel agricole, se dotera d’infrastructures pour la transformation agroalimentaire, favorisant l’industrialisation locale.
Cette vision territoriale ambitionne de répartir les richesses de manière plus équitable et de désengorger Lomé en offrant aux investisseurs de nouvelles opportunités ailleurs.
Ce projet bénéficie d’un appui stratégique de la GIZ, qui accompagne le gouvernement togolais dans la mise en œuvre des réformes économiques. Herr Markus Schubiger, Chef de la composante « Programme pour la promotion de la compétitivité du secteur privé au Togo (ProComp) », a insisté sur l’importance de ce programme :
« Le programme vise à améliorer la compétitivité du secteur privé au Togo. Ses actions se concentrent sur cinq composantes, dont l’amélioration de l’accès des PME aux services financiers. »
L’appui technique et financier de la GIZ montre une volonté de créer des solutions durables pour dynamiser les économies locales et réduire les inégalités régionales.

Pour donner une visibilité nationale et internationale à ces nouvelles destinations économiques et touristiques, plusieurs actions complémentaires seront mises en place à savoir le lancement de plateformes digitales pour promouvoir l’image des cinq villes, les campagnes de communication ciblées sur les médias nationaux et internationaux, l’organisation d’événements culturels et touristiques pour mettre en avant les atouts de chaque territoire, et la mise en place de forums d’investissement, pour connecter les entrepreneurs et les investisseurs.
Cette initiative ne se limite pas à une croissance économique rapide, elle vise aussi une meilleure qualité de vie pour les populations locales. Parmi les priorités, le développement d’infrastructures modernes pour améliorer le quotidien des habitants, la préservation du patrimoine naturel et culturel de chaque ville, et l’encouragement de l’entrepreneuriat local, notamment auprès des jeunes et des femmes.

La ministre Manuella Santos a insisté sur l’impact à long terme de cette initiative :
« Nous devons bâtir une économie territoriale compétitive, capable de créer des emplois et de stimuler l’innovation locale, tout en respectant notre patrimoine culturel et naturel. »
D’ici 2029, le gouvernement ambitionne de faire de ces cinq villes des modèles de développement territorial, capables de réduire les disparités régionales et de positionner le Togo comme un acteur clé du développement urbain en Afrique de l’Ouest.
Ce projet de marketing territorial marque une rupture avec les modèles de développement traditionnels, où la capitale concentrait la majorité des opportunités. Désormais, chaque ville jouera un rôle clé dans l’essor économique du pays.
En capitalisant sur les atouts de chaque région, le Togo mise sur une croissance inclusive et durable, où les territoires se développent en complémentarité et non en concurrence.
À travers ce programme, le gouvernement togolais envoie un signal fort aux investisseurs : le Togo de demain ne se limitera plus à Lomé, il s’épanouira dans toutes ses régions.
Jean-Marc Ashraf