vendredi, avril 11, 2025

Lutte contre les violences basées sur le genre en Afrique : État des lieux, acquis et défis.

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La lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) reste une priorité majeure en Afrique, un continent où ces abus touchent encore un grand nombre de femmes. Selon les Nations Unies, près de 37 % des femmes africaines ont subi des violences physiques ou sexuelles au moins une fois dans leur vie. Bien que des progrès notables aient été réalisés, de nombreux défis subsistent dans la quête d’une société équitable et sécurisée pour les femmes.

En Afrique, les violences basées sur le genre prennent des formes variées : violences conjugales, mariages précoces, mutilations génitales féminines, agressions sexuelles, traite des êtres humains, et violences économiques ou psychologiques. Ces violences sont souvent amplifiées par des facteurs socio-culturels tels que les normes patriarcales, la pauvreté, et le faible accès à l’éducation pour les filles.
Les conflits armés, qui persistent dans certaines régions, aggravent également la situation. Les femmes et les filles y deviennent fréquemment des cibles, utilisées comme armes de guerre. En outre, les crises économiques et climatiques exacerbent les vulnérabilités des femmes, augmentant leur exposition aux violences.

Acquis dans la lutte contre les VBG

Malgré ces défis, plusieurs progrès significatifs ont été enregistrés sur le continent :

  1. Renforcement des cadres juridiques :
    De nombreux pays africains, tels que le Rwanda, le Sénégal et l’Afrique du Sud, ont adopté des lois spécifiques pour sanctionner les violences basées sur le genre. Par exemple, le Protocole de Maputo (2003), adopté par l’Union africaine, demeure un instrument clé pour protéger les droits des femmes et éliminer les pratiques néfastes.
  2. Sensibilisation accrue :
    Les campagnes communautaires et médiatiques ont permis de briser certains tabous entourant les VBG. Des initiatives comme les « 16 Jours d’activisme contre les violences faites aux femmes » rassemblent chaque année des millions de participants en Afrique.
  3. Engagement des acteurs locaux :
    Des ONG et des organisations de la société civile, telles qu’Amnesty International et Equality Now, jouent un rôle clé dans la sensibilisation, la protection des survivantes, et l’appui aux réformes législatives.
  4. Mécanismes de soutien aux victimes :
    La mise en place de centres d’accueil et de lignes téléphoniques d’urgence, notamment en Afrique de l’Ouest, facilite l’accès des survivantes à une prise en charge médicale, psychologique, et juridique.

Défis persistants

  1. Manque de mise en œuvre des lois :
    Bien que plusieurs pays aient adopté des cadres juridiques progressistes, leur application reste limitée en raison de l’insuffisance des ressources, des préjugés dans les institutions judiciaires, et de l’impunité.
  2. Influence des normes culturelles et sociales :
    Les pratiques telles que les mariages précoces et les mutilations génitales féminines sont profondément enracinées dans certaines communautés, rendant leur éradication difficile sans une approche holistique qui intègre les leaders communautaires.
  3. Faiblesse des systèmes de soutien :
    Dans plusieurs pays africains, les centres de soutien aux victimes sont insuffisants et concentrés dans les zones urbaines, laissant les femmes en milieu rural sans recours.
  4. Contexte socio-économique fragile :
    La pauvreté, le chômage et les inégalités économiques augmentent la vulnérabilité des femmes et limitent leur capacité à quitter des situations abusives.

Pour renforcer les acquis et surmonter les défis, des efforts coordonnés sont indispensables. Cela inclut :

  • Renforcer les politiques nationales et régionales pour inclure des budgets spécifiques à la lutte contre les VBG.
  • Investir dans l’éducation pour déconstruire les normes patriarcales dès le plus jeune âge.
  • Collaborer avec les communautés locales, en impliquant les chefs traditionnels et religieux dans la sensibilisation et la promotion des droits des femmes.
  • Étendre les systèmes de soutien aux zones rurales et fournir des ressources aux organisations locales.

L’Afrique progresse dans la lutte contre les violences basées sur le genre, mais le chemin reste encore long. Seule une approche concertée, incluant les États, les organisations internationales, la société civile et les communautés, permettra de garantir un avenir où les femmes vivront dans la dignité, la sécurité et l’égalité.

Jean-Marc Ashraf

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