vendredi, avril 11, 2025

Finance inclusive rurale : un tremplin pour l’autonomie des femmes et le développement agricole.

Partagez !

Dans les zones rurales, les petits producteurs et productrices, en particulier les femmes, sont les piliers de l’agriculture. Pourtant, leur accès aux ressources financières demeure un défi majeur. Exclues du système bancaire classique en raison du manque de garanties, elles sont souvent contraintes de recourir à des sources de financement informelles, souvent précaires et coûteuses. Cette réalité freine considérablement leur capacité à investir dans leurs exploitations et à améliorer leur productivité.

Face à cette situation, une approche novatrice et inclusive a fait ses preuves : les Groupes d’Épargne et de Crédit (GEC), inspirés des Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit (AVEC). Ces structures de solidarité financière permettent aux membres de constituer une épargne commune et d’accéder à des prêts pour développer leurs activités agricoles. Loin d’être une simple alternative au crédit bancaire, ces groupes favorisent l’autonomisation des producteurs en instaurant une dynamique collective de gestion financière.

Des organisations engagées telles qu’Inades-Formation Togo, l’Agence Nationale d’Appui au Développement à la Base (ANADEB) et l’Agence Nationale du Volontariat au Togo (ANVT) accompagnent activement ces initiatives et témoignent de leur impact positif. En plus de renforcer les capacités financières des producteurs, ces mécanismes participent à l’éducation financière et à la gestion autonome des ressources. L’expérience de plus de huit ans dans le développement rural démontre que cette approche est un levier efficace contre l’exclusion financière et un moteur de développement local.

L’un des défis majeurs réside dans l’adoption systématique de ces outils dès la création des coopératives agricoles. Trop souvent, les Sociétés Coopératives Simplifiées (SCOOPS) sont formées dans l’attente d’un financement extérieur, les rendant vulnérables à des blocages administratifs ou à des délais prolongés. Intégrer une formation à la gestion de l’épargne et du crédit dès la mise en place de ces structures permettrait de garantir leur viabilité et leur autonomie financière.

Les résultats obtenus grâce à ces dispositifs sont encourageants : en créant une dynamique locale de financement, ils réduisent la dépendance aux institutions financières traditionnelles et offrent aux producteurs une plus grande liberté dans la gestion de leurs investissements. La Coordination Togolaise des Organisations Paysannes (CTOP-TOGO) joue un rôle clé en facilitant les liens entre les coopératives et les Institutions de Microfinance (IMF), tout en assurant un renforcement des capacités des organisations paysannes.

Pour maximiser l’impact de cette initiative, il est nécessaire de lancer une phase pilote à plus grande échelle. Une expérimentation ciblée permettrait d’évaluer l’efficacité du modèle et d’adapter les stratégies en fonction des réalités locales. Par ailleurs, la mise en place de caisses d’épargne et de crédit autogérées par les coopérateurs représenterait une avancée significative vers une indépendance financière durable.

Au-delà des aspects économiques, cette initiative constitue un puissant levier d’émancipation sociale, notamment pour les femmes rurales. En leur offrant la possibilité d’accéder à des financements adaptés et de gérer elles-mêmes leurs ressources, elles deviennent actrices de leur propre développement et renforcent leur rôle au sein de la communauté. L’avenir de l’agriculture togolaise repose sur des solutions inclusives et solidaires, où chaque producteur et productrice a les moyens de bâtir un futur prospère et durable.

Source : Tsoékem Guenou

Plateaux Actu
Plateaux Actu
Tél : 00228 91647408/ 98292487

Articles Récents

Articles Similaires