Dans une société où les questions de santé sexuelle et reproductive restent un sujet délicat, le dialogue intergénérationnel s’impose comme une solution prometteuse pour briser les tabous et renforcer la communication entre parents et enfants. C’est dans cet esprit qu’a eu lieu, le mercredi 15 janvier 2025, la deuxième rencontre du projet intitulé « Renforcement du Dialogue Intergénérationnel entre Parents et Enfants sur la Santé sexuelle et Reproductive dans la Commune Ogou1 ». L’événement, organisé à Abotèssè, a rassemblé familles, experts et acteurs communautaires dans un cadre d’échange inédit.
Porté par le Youth Panel Atakpamé et financé par Plan International dans le cadre du programme Youth Challenge Fund, ce projet a mis en lumière l’importance d’une communication ouverte et éducative sur des thématiques sensibles comme la sexualité, la contraception et la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST).
Lancé avec pour objectif de favoriser la transmission d’informations fiables, de surmonter les tabous et de renforcer la compréhension mutuelle, le projet s’est articulé autour de deux dialogues majeurs. Le premier, organisé le 12 janvier 2025 au Centre des Ambassadeurs de Vie, avait posé les bases de cette initiative. La rencontre du 15 janvier est venue clore ce cycle en créant des espaces d’échanges riches et inclusifs.
Grâce à des outils interactifs tels que des cartes, des discussions de groupe, des vidéos et des témoignages, les organisateurs ont su capter l’attention des participants et adapter les contenus à leurs âges et niveaux de compréhension. Ces approches innovantes ont permis de transformer des discussions souvent jugées délicates en moments constructifs et enrichissants.
Cette initiative a été saluée par les participants, qui ont vu dans ces dialogues une occasion unique de discuter ouvertement de sujets longtemps tus au sein de leurs communautés. Parents et enfants, parfois peu enclins à aborder ces problématiques, ont pu partager leurs expériences, exposer leurs inquiétudes et trouver ensemble des réponses adaptées à leurs besoins.
« Avant ces rencontres, il m’était difficile d’aborder des sujets comme la sexualité ou la prévention des maladies avec mes enfants. J’avais peur de dire quelque chose de mal ou de les encourager à de mauvaises pratiques. Mais grâce à ces dialogues, j’ai appris comment parler de ces sujets de manière claire et appropriée. J’ai réalisé que mes enfants avaient besoin de ces informations et qu’en tant que parent, c’est mon rôle de les guider. Je repars avec beaucoup d’outils et de confiance pour poursuivre ces discussions à la maison. », a révélé Mme Akouavi, 40 ans, mère de trois enfants à Abotèssè.
« Je n’avais jamais eu l’occasion de parler de ces sujets avec mes parents avant ces ateliers. Pendant longtemps, j’ai dû me renseigner par moi-même, parfois avec des informations erronées. Ici, j’ai pu poser toutes mes questions et discuter ouvertement, non seulement avec mes parents, mais aussi avec des experts. Ça m’a aidé à mieux comprendre les risques et les moyens de me protéger. Maintenant, je me sens plus à l’aise pour en parler avec mes parents et mes amis. », a indiqué Agbeko, 17 ans, lycéen à Atakpamé.
Selon Mlle Brigitte, présidente du CA Youth Panel Atakpamé, convaincre les parents de participer n’a pas été une tâche facile. « Dans notre communauté, aborder la sexualité avec ses enfants est souvent perçu comme un tabou. Grâce à la persévérance et à la volonté de Dieu, les parents ont accepté de venir et de s’ouvrir à leurs enfants. C’est une grande victoire pour nous », a-t-elle déclaré.
Le Point Focal au niveau de la mairie Ogou 1 sur le projet Girls Lead 2, M. Atsu Tchakan, a quant à lui rappelé que malgré les efforts des autorités et des ONG, beaucoup reste à faire pour démystifier ces sujets.
« Parler de santé sexuelle et reproductive dans nos cultures, surtout ici dans la Commune Ogou1, est encore un grand défi. Mais ce genre d’initiatives prouve qu’un dialogue est possible et nécessaire. J’encourage les parents à être plus ouverts et les enfants à participer activement à ces discussions. »
Pour M. Alex Atchrimi, Directeur du Bureau régional de Plan International pour les régions Maritime-Plateaux, ces rencontres marquent une étape essentielle dans la sensibilisation des communautés.
« Ces dialogues offrent aux jeunes et aux parents une plateforme pour échanger sur des sujets sensibles et pour construire une relation basée sur la confiance et le respect mutuel. Nous saluons l’engagement des parents et les encourageons à poursuivre ces discussions dans leur quotidien familial. »
Il a également exprimé sa gratitude envers tous les acteurs impliqués et insisté sur l’importance de pérenniser ces initiatives dans d’autres localités.
Le projet a démontré qu’un dialogue intergénérationnel constructif est possible, même sur des sujets aussi délicats que la sexualité et la prévention des IST. Ces moments d’échange, parfois inédits dans certaines communautés, ouvrent la voie à une meilleure compréhension et à des changements durables.
À travers cette initiative, Atakpamé et la commune Ogou1 se positionnent comme des exemples de dialogue inclusif, appelant à une généralisation de ce type d’approche dans d’autres régions du Togo. Avec de telles actions, l’avenir d’une jeunesse mieux informée et d’une société plus tolérante semble en marche.
Jean-Marc Ashraf
