Atakpamé, juillet 2025 — Et si les villages décidaient eux-mêmes de leur avenir ? C’est le pari audacieux que vient de relever la commune d’Amou 2 avec la formation, du 30 juin au 5 juillet, de douze animateurs communautaires et de deux agents municipaux à l’approche du Développement Conduit par les Communautés (DCC). Un projet pilote porté par le Gouvernorat de la région des Plateaux, la mairie d’Amou 2, et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), dans le cadre de la Phase 2 du Programme d’Appui à la Prévention des Conflits et de l’Extrémisme Violent (PEV 2), avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix (PBF).

Longtemps tenus à l’écart des grandes décisions, les habitants des zones rurales voient enfin s’ouvrir une brèche : celle d’une gouvernance plus proche, plus humaine et surtout participative. Le DCC renverse les schémas classiques : ici, ce ne sont plus les projets qui descendent d’en haut, mais les solutions qui remontent du terrain. Grâce à des outils comme le diagnostic participatif, la cartographie sociale ou encore l’analyse communautaire, les animateurs sont désormais capables de faire émerger les besoins prioritaires exprimés directement par les populations.

« Avant cette formation, je pensais que le développement, c’était juste des projets apportés de l’extérieur. Aujourd’hui, je comprends qu’il peut partir des idées simples, exprimées par les villageois eux-mêmes », confie un animateur formé.

Le village de Kpalongo a servi de terrain test grandeur nature. Une immersion qui a permis aux animateurs de mettre en pratique leurs acquis et aux villageois de découvrir une approche nouvelle, où chaque voix compte.

« Sur le terrain, j’ai vu des visages s’illuminer quand nous leur avons demandé de nous parler de leurs réalités. Ils se sont sentis utiles, écoutés, respectés. C’est là que tout commence », a souligné M. Yéname Gounsougue, formateur principal DCC.
« Quand j’ai parlé des problèmes d’eau et que les animateurs prenaient des notes avec attention, j’ai compris que ma voix avait de la valeur », témoigne une habitante de Kpalongo.

Même son de cloche du côté du président du CVD :
« Nous espérons que cette dynamique ne s’arrêtera pas là. Pour construire la paix et le développement, il faut écouter ceux qui vivent les difficultés au quotidien ».

Prochaine étape : le déploiement des animateurs dans les villages de la commune pour accompagner l’élaboration des Plans d’Action Villageois. Ces plans, véritable boussole du développement local, seront conçus avec et pour les communautés.

Selon M. Gounsougue, « les jeunes formés ont démontré une réelle capacité d’écoute, d’adaptation et de reformulation. Leurs interventions à Kpalongo prouvent que les fondements du DCC sont en train de prendre racine. »

La cérémonie d’ouverture, marquée par la présence des autorités régionales, communales, de l’OIM et d’acteurs de la société civile, a confirmé l’intérêt de cette démarche innovante.

« Un développement durable, c’est d’abord un développement que les communautés comprennent, portent et défendent elles-mêmes », a déclaré Mme Ankou Yawavi Mawuse, représentante du Chef de Bureau de l’OIM au Togo.

Alors que le Togo s’interroge sur les modèles de développement les plus adaptés à ses réalités locales, l’expérience d’Amou 2 pourrait bien tracer un nouveau chemin. Un chemin sur lequel les villages ne sont plus de simples bénéficiaires, mais les véritables architectes de leur devenir.
Jean-Marc Ashraf