À Kara, du 28 au 30 octobre 2025, les acteurs de la filière cotonnière togolaise se sont donné rendez-vous pour une réflexion d’envergure nationale. À l’initiative de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) et de la Fédération nationale des groupements de producteurs de coton (FNGPC), l’atelier stratégique placé sous le thème « Relever les défis pour une filière cotonnière performante 2025-2030 » marque un tournant décisif vers une relance durable et compétitive du coton togolais.
Un secteur en quête de rebond
Malgré les investissements consentis depuis la reprise de la NSCT par le groupe Olam en 2020, le coton togolais peine encore à retrouver son lustre d’antan. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 67 679 tonnes de coton graine récoltées lors de la campagne 2023-2024, contre 60 408 tonnes prévues pour 2024-2025. Un recul de près de 10 %, aggravé par la baisse du nombre de producteurs, passés de 115 000 à environ 76 000 en quelques années.
Pour les responsables du secteur, cette situation est le reflet de multiples défis : le vieillissement des producteurs, le manque d’attractivité pour les jeunes, les effets du changement climatique et la compétitivité des marchés internationaux.
Redonner au coton sa valeur stratégique
Face à ce constat, la NSCT et la FNGPC entendent replacer le coton au cœur de l’économie rurale. L’objectif est clair : atteindre 200 000 tonnes de production d’ici 2030, tout en améliorant les revenus et les conditions de vie des producteurs.
« Nous devons regarder la réalité en face et agir avec pragmatisme. Cet atelier est une opportunité de construire, avec tous les acteurs, une vision claire et partagée pour le futur du coton togolais », a souligné Martin Drevon, Directeur général de la NSCT.
Il a insisté sur la nécessité d’« adapter la production aux nouvelles exigences environnementales et économiques », en misant sur la qualité, la durabilité et l’innovation technique.
Les producteurs au cœur de la relance
La FNGPC, par la voix de son président Koussouwè Kouroufei, a réaffirmé son engagement total dans ce processus de transformation :
« Nous voulons une filière forte et disciplinée, portée par la transparence et la solidarité entre producteurs. Ensemble, nous ferons du coton une source de fierté nationale. »
Pour lui, le succès de la relance passe par une mobilisation accrue des producteurs autour des bonnes pratiques agricoles et par un accompagnement soutenu des pouvoirs publics et des partenaires techniques et financiers.
Une vision partagée avec l’État
Présent à l’ouverture des travaux, Dadja Badalake, Directeur régional de l’Agriculture, de la Pêche, des Ressources animales et de la Souveraineté alimentaire, a rappelé l’engagement du gouvernement à maintenir un cadre incitatif :
« La filière coton incarne la résilience du monde rural. Le gouvernement jouera pleinement son rôle de facilitateur pour garantir un environnement propice à l’investissement et à la compétitivité. »
Il a invité les participants à formuler des propositions concrètes et mesurables pour nourrir la feuille de route 2026-2030, gage d’une transformation réelle du secteur.
Vers un plan d’action ambitieux
Pendant trois jours, producteurs, techniciens, partenaires et responsables institutionnels ont échangé autour de thématiques clés : productivité et changement climatique, logistique, commercialisation, financement et qualité du coton fibre.
Les conclusions de cet atelier déboucheront sur un plan d’action national assorti d’indicateurs de suivi, destiné à renforcer la gouvernance, la durabilité et la compétitivité de la filière.
Ainsi, entre ambition, réalisme et engagement collectif, la relance du coton togolais s’affirme comme un chantier stratégique pour l’économie nationale — une aventure que la NSCT et la FNGPC comptent mener main dans la main, avec pour horizon 2030, un coton togolais de nouveau florissant.
Jean-Marc Ashraf
