Sous un soleil ardent et dans une ambiance à la fois festive et militante, les enfants des communautés d’Alakoyo et Akpaka ont pris la parole, levé le ton et touché les cœurs. À l’occasion de la célébration en différé de la Journée de l’Enfant Africain, ce jeudi 26 juin, ils ont fait bien plus que danser ou réciter des poèmes : ils ont interpellé les consciences, questionné les engagements et souhaité du concret.

Portée par SOS Villages d’Enfants – Programme d’Atakpamé, cette journée s’est transformée en une tribune citoyenne pour rappeler que les droits de l’enfant ne doivent plus être de simples intentions, mais des priorités planifiées, budgétisées et appliquées.
Dans une présentation pointue du chemin parcouru, le coordonnateur local du programme Renforcement de la famille, Komla Dziedzom Gumedzoe, a salué les efforts du gouvernement et des collectivités locales dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la protection sociale et de la lutte contre les abus. Mais, a-t-il insisté, « planifier ne suffit pas, il faut budgétiser et exécuter ».


Son message était clair : les droits des enfants doivent sortir du discours et entrer dans les budgets, avec des lignes clairement identifiables, suivies et évaluées. Il a ainsi invité les élus locaux à intégrer les besoins des enfants dans leurs plans communaux, et encouragé les ONG à soutenir ces efforts de terrain.


Dans une intervention, Mlle Victoire Kassegné, représentant ses pairs, a livré un plaidoyer fort à l’endroit des autorités.« Un enfant sans école équipée, sans centre de santé fonctionnel, sans espace de loisir, est un enfant privé d’avenir », a-t-elle déclaré. « Nos droits, sans budget pour les concrétiser, ne sont que des promesses dans le vent. »Elle a remercié SOS Villages d’Enfants, les autorités locales et tous les partenaires pour leur engagement, tout en les exhortant à aller plus loin.

Le préfet de l’Ogou, M. Kodjo Agbeko Noèl Ekpé, a tenu un discours franc et porteur d’engagement. Il a d’abord salué le travail remarquable de SOS Villages d’Enfants dans la préfecture, avant de rappeler la priorité que le gouvernement accorde à la protection de l’enfance.« L’enfance est le socle de toute nation durable. Si nous échouons à garantir leurs droits, nous échouons notre mission de développement », a-t-il affirmé.
Le préfet a reconnu les avancées réalisées, mais n’a pas éludé les défis. Selon lui, il est urgent de changer de paradigme :« Il ne s’agit plus seulement de proclamer les droits de l’enfant. Il s’agit de les planifier dans les actions de nos communes, de les budgétiser dans les plans annuels, et de les exécuter avec rigueur. Chaque école construite, chaque centre de santé équipé, chaque case d’écoute ouverte est un investissement pour la paix et la prospérité futures. »
Dans un appel à l’union des forces locales, il a invité les élus, les partenaires techniques, les associations, mais aussi les communautés, à s’approprier pleinement la cause des enfants, et à ne pas la laisser uniquement entre les mains des ONG.« Ce n’est pas une faveur que nous leur faisons. C’est un devoir. Et notre avenir commun en dépend. »

En marge des interventions, les enfants ont égayé la cérémonie par des chants, danses et poèmes inspirés, traduisant leur rêve d’un monde meilleur. À travers leurs mots simples mais puissants, ils ont rappelé que la dignité d’un enfant se mesure à la manière dont les adultes construisent un environnement favorable à son épanouissement.

M. Komlan Toeppen, Manager du Programme SOS Villages d’Enfants à Atakpamé, a lui aussi insisté sur l’importance d’une planification sensible aux droits des enfants. Il a évoqué les efforts conjoints réalisés depuis 2010, tout en soulignant l’insuffisance des financements pour les initiatives en faveur des enfants vulnérables.
Au-delà des discours, la Journée de l’Enfant Africain célébrée à Alakoyo aura été un cri d’alerte mais aussi une main tendue. Celle d’une jeunesse lucide, qui ne veut plus être laissé, mais construire ensemble. Une jeunesse qui, à travers ses mots, ses chants et ses regards, appelle les décideurs à tenir parole.‘Car assurer les droits des enfants aujourd’hui, c’est préparer une société plus humaine, plus équitable et plus prospère demain’.
Jean-Marc Ashraf