Atakpamé, 14 août 2025 – À Atakpamé, dix jeunes filles ont vécu une expérience qui pourrait bien transformer à la fois leur avenir et la perception du leadership féminin dans la préfecture de l’Ogou. Pendant trois jours, elles ont quitté les bancs de l’école pour s’installer derrière des bureaux habituellement réservés aux décideurs, prouvant que la compétence n’a pas de genre.
L’activité « Girls Can », portée par SOS Villages d’Enfants Atakpamé dans le cadre de la deuxième phase du projet Intensification de la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, n’est pas une simple formation. C’est une immersion totale dans les coulisses du pouvoir local et institutionnel, visant à briser les stéréotypes, renforcer la confiance en soi et préparer une nouvelle génération de leaders.
Chaque participante a occupé un poste stratégique : direction administrative d’un hôpital, action sociale, gestion de pharmacie, administration communale… Des lieux où chaque décision compte, où la rigueur, la vision et l’humanité s’entremêlent.
Pour Agnès K., élève du lycée d’Akparè et Directrice Administrative et Financière du CHR d’Atakpamé le temps de l’exercice, l’expérience a été « un déclic » qui l’a confortée dans son ambition de faire carrière dans la gestion. Quant à Clarisse A., du CEG Djidjolé Koeroma, propulsée Directrice Régionale de l’Action Sociale, elle retient « la nécessité de mettre l’humain au cœur de chaque décision ».
Même dans les domaines techniques comme la pharmacie, les leçons ont dépassé les simples notions de logistique ou de santé publique. Encadrées par des professionnels, les participantes ont compris que chaque geste, chaque vérification et chaque choix a des répercussions directes sur la vie des patients.
Pour le coordonnateur du projet, le bilan est éloquent : en cinq ans, Girls Can a permis à 60 jeunes filles de s’immerger dans des fonctions clés, changeant peu à peu le regard des familles, des communautés et des institutions. Certaines anciennes participantes occupent déjà des postes de responsabilité dans des associations ou projets locaux.
Au-delà des compétences acquises, c’est un message fort qui a été lancé : investir dans le leadership féminin, c’est investir dans une société plus équitable et plus inclusive. L’édition 2025 a démontré que lorsque les filles prennent les commandes, elles ne se contentent pas de gérer ; elles inspirent, elles innovent et elles transforment leur environnement.
Demain, certaines de ces jeunes pourraient diriger des institutions, piloter des entreprises ou occuper des mandats politiques. Mais déjà aujourd’hui, elles incarnent une vérité simple : l’égalité des chances ne relève pas du rêve, elle se construit, et Girls Can en est l’un des artisans les plus convaincants.
Jean-Marc Ashraf
