Agbonou, l’un des quartiers les plus animés d’Atakpamé, se distingue par son intense activité commerciale. Ce quartier est devenu un point stratégique où les affaires prospèrent, en grande partie grâce aux arrêts fréquents des bus de diverses compagnies de transport. Ces moments d’arrêt, prévus pour permettre aux passagers de se reposer et de se ravitailler, offrent également une occasion unique aux revendeuses locales de proposer leurs produits. Toutefois, cette dynamique pose plusieurs problèmes, tant en termes de sécurité routière qu’en matière d’hygiène alimentaire, soulevant ainsi des préoccupations pour les résidents, les voyageurs, et les autorités locales.

L’arrêt des bus à Agbonou transforme l’espace en une sorte de marché en plein air, où tout est mis en œuvre pour capter l’attention des passagers. À chaque arrivée de bus, le quartier prend vie : des vendeuses, souvent munies de plateaux garnis de divers produits, se précipitent vers les véhicules, se positionnant parfois directement sur la chaussée de la Nationale N°1. Ce ballet commercial, bien qu’il génère des revenus indispensables pour de nombreuses familles, pose de sérieux risques pour la sécurité des usagers de la route. Les embouteillages sont fréquents, et les passagers qui descendent du bus pour se dégourdir les jambes se retrouvent dans un environnement parfois chaotique et peu sécurisé.
Les autorités locales, de même que les usagers, s’interrogent : les bus s’arrêtent-ils au bon endroit pour assurer la sécurité de leurs passagers ? Les véhicules des autres usagers peuvent-ils circuler librement sans être confrontés à des obstacles imprévus ? Ce désordre relatif met en lumière un besoin urgent d’organisation et de régulation pour concilier activité économique et sécurité routière dans cette zone stratégique.
Outre les questions de sécurité routière, l’hygiène des produits vendus soulève des préoccupations légitimes. En dépit de la pandémie de COVID-19, qui a sensibilisé le public aux pratiques de santé et d’hygiène, de nombreuses vendeuses continuent d’exposer leurs aliments à l’air libre. Les poissons frits Canami, les beignets, et d’autres denrées sont souvent proposés sans aucune protection, augmentant ainsi les risques de contamination. Dans un climat chaud et poussiéreux, cette exposition peut compromettre la qualité et la sécurité des aliments offerts aux passagers.
Les consommateurs, bien que soucieux de la saveur des mets locaux, ne sont pas toujours conscients des risques sanitaires qu’ils encourent. Face à cette situation, la question se pose : les services d’hygiène et d’assainissement de la région des Plateaux jouent-ils suffisamment leur rôle ? Une présence renforcée de ces services pourrait contribuer à garantir des standards d’hygiène minimale, protégeant ainsi la santé des consommateurs tout en préservant l’activité économique des revendeuses locales.

Les passagers, souvent installés confortablement dans les bus climatisés, peuvent facilement ignorer les risques liés à cette pratique. Cependant, les autorités locales ont un rôle crucial à jouer. Elles sont appelées à structurer l’espace de commerce pour s’assurer que les arrêts des bus se déroulent en toute sécurité. Une réflexion sur un éventuel aménagement de zones de marché dédiées, loin de la chaussée principale, pourrait permettre de préserver cette activité commerciale tout en garantissant la sécurité de tous.
Il est également essentiel que les autorités sensibilisent les vendeuses aux pratiques d’hygiène et de sécurité. Un encadrement formel, accompagné de formations en hygiène alimentaire et en respect des règles de sécurité routière, contribuerait à instaurer un environnement plus sûr. Les usagers de la route, de leur côté, gagneraient à être informés des règles à respecter lorsqu’ils traversent ou s’arrêtent dans ce quartier très fréquenté.
La vie économique du carrefour d’Agbonou est un atout pour la ville Atakpamé, la ville au sept collines, offrant une source de revenus à de nombreuses familles et contribuant à l’économie locale. Toutefois, la priorité doit rester la sécurité et le bien-être des citoyens et des visiteurs. Une prise de conscience collective est nécessaire, impliquant les autorités, les revendeuses, les passagers, et les autres usagers de la route, pour créer un environnement sécurisé, tant sur le plan routier qu’alimentaire.
L’organisation de cet espace pourrait servir de modèle pour d’autres zones d’arrêt dans la région et même au-delà. Agbonou pourrait devenir un exemple de développement local harmonieux, où les activités commerciales prospèrent sans compromettre la sécurité et la santé publique.
La Rédaction