Dans les hauteurs verdoyantes de Wawa 2, au cœur de la région des Plateaux, une voix s’est élevée, douce mais ferme, pour briser les silences et bousculer les habitudes. Celle de Mme OBIM Ama Kafui. Unique femme de l’exécutif communal, adjointe au Maire et vice-présidente régionale du REFELA-TOGO, elle a su, en un mandat, faire éclore une nouvelle manière de gouverner : inclusive, engagée, résolument tournée vers les femmes et la jeunesse.
Alors que le pays se prépare pour de nouvelles échéances électorales municipales, le nom de Mme OBIM revient avec insistance. Pas seulement comme une élue parmi d’autres, mais comme un symbole d’une décentralisation qui prend enfin visage humain, surtout féminin.
Élue en 2019, dans un contexte encore marqué par les tâtonnements de la décentralisation et la pandémie de COVID-19, Mme OBIM a dû composer avec une réalité parfois rugueuse. « Nous avions tout à apprendre, tout à bâtir. Mais avec courage et dialogue, nous avons posé les premières pierres d’un développement cohérent », confie-t-elle.
Première difficulté : s’imposer dans un exécutif municipal exclusivement masculin. « Je n’ai pas cherché à m’imposer par la force. J’ai choisi le travail, la rigueur, et la proximité », explique-t-elle. Et cette stratégie a porté ses fruits. Peu à peu, la collaboration s’est instaurée, les résistances ont cédé, et la voix féminine est devenue pilier du conseil municipal.

Loin des discours creux, Mme OBIM a inscrit son mandat dans l’action. Sa priorité ? L’autonomisation des femmes et la protection des jeunes filles. Elle sillonne les villages reculés, sensibilise, explique, rassure. Avec le soutien de l’ONG ANTENNA France, elle met en œuvre un projet d’alimentation saine qui touche plus de 60 femmes rurales. Elle intervient aussi dans les établissements scolaires pour lutter contre les grossesses précoces, et les résultats sont là : de meilleures performances scolaires chez les jeunes filles et une prise de conscience croissante dans les familles.
L’engagement de Mme OBIM ne s’arrête pas aux frontières de sa commune. Grâce à son rôle au sein du REFELA-TOGO, elle participe à des rencontres de coopération décentralisée en France et au Burkina Faso. Elle y promeut les richesses naturelles de Wawa 2 – notamment ses cascades encore méconnues – et explore de nouvelles pistes de partenariat.
« À mon retour, je n’ai jamais gardé ces expériences pour moi seule. J’ai organisé des séances de restitution pour partager les acquis et impliquer les communautés locales. La décentralisation ne doit pas être un mot vide, mais un levier réel pour nos territoires », affirme-t-elle avec conviction.
Mme OBIM n’élude pas les difficultés. L’interprétation erronée des textes sur la décentralisation a d’abord entraîné des tensions au sein du conseil municipal. Le manque de ressources financières freine aussi l’élan des collectivités. Mais grâce au Fonds d’appui aux collectivités territoriales (FACT) et à l’implication personnelle du Maire, plusieurs projets ont pu être lancés. « Nous avons appris à faire beaucoup avec peu », résume-t-elle.
Si elle regarde le passé avec fierté, Mme OBIM Ama Kafui garde les yeux rivés sur l’avenir. Elle ne cache pas son souhait de rempiler pour un nouveau mandat. « Il reste tant à faire, surtout pour les femmes et les jeunes. Nous avons semé des graines. Il faut maintenant les faire germer. »
Elle rêve d’un Wawa 2 connecté à un réseau solide de partenaires techniques et financiers, d’un territoire où les femmes osent entreprendre, où les jeunes s’impliquent dans la vie locale, où chaque citoyen sent qu’il compte.
Elle n’a pas manqué de lancer un vibrant appel à toutes les femmes et surtout celles de la préfecture de Wawa.
« Trop de femmes doutent encore, s’autocensurent. Pourtant, nous avons les compétences, la sensibilité et le sens du concret que requiert la gestion de la cité. Il est temps que les femmes prennent leur place. La politique ne nous est pas interdite. Elle nous attend. »
Avec calme, vision et force intérieure, Mme OBIM Ama Kafui incarne cette génération de femmes leaders qui ne se contentent pas de rêver un autre avenir. Elles le construisent, à petits pas mais avec une détermination inébranlable. Son parcours n’est pas un aboutissement, mais une invitation : que d’autres femmes se lèvent, prennent leur part, et écrivent elles aussi l’histoire de nos communes.
Jean-Marc Ashraf