Lomé, 27 décembre 2024 – À l’occasion des fêtes de fin d’année, le Chef de l’État, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé, a décrété une mesure exceptionnelle de grâce présidentielle en faveur de 1 064 détenus en fin de peine. Si ce geste humanitaire marque une avancée significative en matière de cohésion sociale, une question cruciale reste en suspens : quelles mesures sont mises en place pour assurer la réinsertion effective de ces anciens détenus dans la société ?
En cette période festive, cette libération massive, annoncée par le Ministre de la Justice et de la Législation, Mipamb Nahm-Tchougli, s’inscrit dans une dynamique de pardon et de réconciliation nationale. Cette décision témoigne de l’engagement des autorités à renforcer le vivre-ensemble et à offrir une seconde chance à ceux ayant purgé leur peine.
Cependant, pour que cette mesure de clémence atteigne pleinement ses objectifs, elle doit être accompagnée de mécanismes efficaces permettant d’éviter que les anciens détenus ne retombent dans les mêmes travers qui les ont conduits en prison.
Le communiqué officiel reste silencieux sur les dispositifs spécifiques de réinsertion sociale ou professionnelle prévus pour ces 1 064 graciés. Or, l’absence de tels mécanismes constitue souvent un obstacle majeur à une réintégration réussie.
L’expérience montre que, sans accompagnement adéquat, nombre d’anciens détenus se retrouvent marginalisés, sans emploi et sans soutien familial, augmentant ainsi les risques de récidive. Des questions importantes demeurent donc :
- Programmes d’accompagnement : Existe-t-il des formations professionnelles ou des projets d’intégration pour permettre aux bénéficiaires de retrouver une place active dans la société ?
- Soutien psychologique : Des dispositifs sont-ils prévus pour aider les anciens détenus à surmonter les stigmates liés à leur incarcération ?
- Suivi post-libération : Les autorités envisagent-elles un suivi pour éviter que ces personnes ne replongent dans la délinquance ?
Pour que cette libération soit un véritable tremplin vers un avenir meilleur, il est essentiel que les autorités renforcent leur collaboration avec des acteurs sociaux, tels que les ONG, les structures d’aide à l’emploi, et les communautés locales. Ces partenaires pourraient mettre en place :
- Des ateliers de réinsertion pour fournir des compétences aux anciens détenus.
- Des campagnes de sensibilisation pour réduire la stigmatisation sociale.
- Des aides économiques pour favoriser leur autonomie.
Cette grâce présidentielle constitue indéniablement une avancée dans la promotion de la paix sociale et du pardon. Mais pour en maximiser les impacts, il est crucial que le gouvernement accompagne ces libérations de mesures concrètes, favorisant la réintégration sociale et professionnelle des bénéficiaires.
Alors que le Togo célèbre les fêtes de fin d’année, cette décision devrait s’accompagner d’un engagement renforcé pour transformer la vie de ces anciens détenus et leur offrir une réelle opportunité de contribuer au développement de leur communauté.
Jean-Marc Ashraf