Lomé, 14 novembre 2024 — Sous le haut patronage du ministère de la Santé, l’association Eagle Africa et le Réseau des Médias pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) ont organisé un atelier de formation destiné aux journalistes togolais, dans le cadre de la campagne nationale « Novembre Bleu ». Cet événement, tenu dans la capitale togolaise, représente un effort inédit pour renforcer la communication sur la santé masculine au Togo, en mettant l’accent sur le dépistage précoce des maladies de la prostate, comme le cancer et l’hypertrophie bénigne.
Le choix des journalistes pour cette formation est stratégique, visant à renforcer leur rôle en tant qu’intermédiaires entre le monde médical et le grand public. Cet atelier marque également le lancement d’un programme de sensibilisation à plus grande échelle, dans une région où les maladies de la prostate restent méconnues et peu abordées publiquement.
Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez les hommes au Togo et en Afrique de l’Ouest, et pourtant, il reste largement sous-diagnostiqué en raison d’un manque de sensibilisation et de consultations préventives insuffisantes. L’hypertrophie bénigne de la prostate, bien que moins dangereuse, peut causer des complications sévères si elle n’est pas détectée et traitée à temps. Cependant, la communication sur ces maladies est encore freinée par des tabous culturels qui rendent difficile la prise de parole publique sur la santé masculine.
Lors de l’ouverture de l’atelier, le Dr Ahadji Kossi, expert en santé publique et directeur de la clinique Eagle Africa, a mis en avant le besoin de sensibiliser les hommes sur les risques de ces maladies. Il a également souligné que des campagnes comme « Novembre Bleu » sont essentielles pour corriger les fausses idées et encourager des comportements favorables à la prévention. « Les hommes consultent rarement par prévention, et cela conduit souvent à des diagnostics tardifs et des traitements complexes », a expliqué le Dr Ahadji.
La présidente de l’association Eagle Africa International, le Dr Eli Agbobli-Apetsyanyi, a rappelé aux journalistes l’importance de diffuser des informations claires et accessibles pour encourager la population masculine à se faire dépister. « Sans dépistage, nous faisons face à des urgences sanitaires qui pourraient être évitées. La communication sur la santé masculine ne doit plus être un sujet secondaire », a-t-elle ajouté.
Cet atelier de formation a été conçu pour offrir aux journalistes des connaissances approfondies sur les maladies de la prostate, mais aussi pour leur donner des outils de communication adaptés aux sensibilités locales. Des sessions interactives ont permis d’aborder des sujets médicaux complexes de manière claire et accessible. Les participants ont discuté avec des médecins, des urologues et des spécialistes en santé publique pour mieux comprendre les symptômes, les causes, et l’importance du dépistage précoce.
Les journalistes ont également été formés aux stratégies de communication visant à briser les tabous. Il a été mis en évidence que le traitement médiatique des sujets de santé masculine doit être sensible aux normes culturelles tout en encourageant l’ouverture et la prise de conscience.
Selon le Dr Agbobli-Apetsyanyi, cet atelier est une première étape pour bâtir une communauté de médias engagés pour la santé masculine. « Nous espérons que ces journalistes, en acquérant ces connaissances, seront capables de produire des reportages précis et de convaincre les hommes de se faire dépister régulièrement », a-t-elle affirmé.
Au-delà de l’atelier, l’association Eagle Africa souhaite que « Novembre Bleu » devienne une campagne annuelle de référence pour la sensibilisation aux maladies de la prostate. Eagle Africa est basée à Tokoin Trésor, à Lomé, et se distingue par sa mission sociale et humanitaire : elle mobilise des volontaires, collecte des fonds et œuvre pour l’accès aux soins de santé pour les populations vulnérables.
Le ministère de la Santé a exprimé son soutien total à cette initiative, soulignant l’importance d’une collaboration avec les médias pour que les informations cruciales atteignent toutes les couches de la population. Des responsables ministériels présents ont affirmé que l’atelier constituait une première étape dans un programme d’éducation de plus grande envergure.
Les responsables d’Eagle Africa et de REMAPSEN ont profité de cet atelier pour appeler à une mobilisation plus large. Ils souhaitent encourager une collaboration entre les médias, les professionnels de la santé, et les organisations de la société civile. Le rôle des journalistes formés est essentiel : en partageant des informations précises et en suscitant des discussions ouvertes, ils pourront jouer un rôle de premier plan pour normaliser la santé masculine dans la société togolaise.
Les participants à l’atelier ont unanimement reconnu que cet effort conjoint est crucial pour changer les mentalités. En ouvrant le dialogue sur des sujets auparavant peu abordés, ils espèrent voir davantage d’hommes togolais accéder aux soins nécessaires et bénéficier des progrès de la médecine moderne.
Cet atelier marque ainsi le début d’un mouvement de sensibilisation plus large, avec l’espoir que les hommes togolais adoptent des habitudes de prévention qui pourront faire une réelle différence dans leur santé et leur qualité de vie.
Jean-Marc Ashraf